Alumni im Fokus

  • Master of Science in Life Sciences - Agrarwissenschaften

Portrait Hélène Besson

« C’était logique pour nous deux que nous serions plus « utiles » au Mozambique. C’est ici que nous pouvons contribuer au mieux avec nos connaissances. » Hélène Besson vit avec son mari et ses deux enfants au Mozambique. Dans cet entretien, elle évoque les défis de l'émigration et la vie au Mozambique.

  • Diplôme: Bachelor of Science Agriculture internationale et Master in Life Sciences – Sciences agronomiques
  • Hochschule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften HAFL
  • Entreprise: Propre ferme
  • Fonction: Travaille sur sa propre ferme

Quel était ton domaine d’études à la BFH ? 
J’ai fait le Bachelor avec le major en « Agriculture international » et le Master avec le major en « Value chain and rural development » 

Quand as-tu terminé tes études ?
En février 2017

Quelle activité professionnelle exerces-tu en ce moment ?
Je travaille sur notre ferme au Mozambique près de Pemba au Mozambique dans la province de Cabo Delgado. En ce moment je travaille également sur un mandat de consulting pour du café régional.

Es-tu membre d’une association d’alumni ? Si oui, laquelle ? 
Je ne suis pas membre

Qu’est-ce que les études à la BFH t’ont apporté ? 
La pratique liée avec la théorie est un véritable point fort de mes études surtout durant le Bachelor. J’ai appris également, à analyser les situations en prenant en compte les différents facteurs et point de vue qu’englobent une problématique. Les travaux de groupe, qui parfois sur le moment peuvent sembler agaçant, sont de véritables entrainements pour la vie professionnelle de tous les jours car il faut faire preuve d’écoute en accueillant les idées des autres afin d’obtenir le meilleur résultat. 

Rétrospectivement, qu’est-ce qui a manqué durant tes études à la BFH ?
Pour ma part le master pourrait être plus lié avec des pratiques professionnelles. En invitant par exemple des professionnelles qui exposent les problématiques rencontrées dans leur travail. On pourrait ensuite imaginer ensemble des stratégies à mettre en place pour dépasser ces difficultés, tout cela en lien avec un certain module. 

Dans ton parcours professionnel, quel a été l’évènement le plus marquant pour toi ? 
Mon travail, durant 3 mois, en tant que gestionnaire de projet dans l’aide d’urgence après le cyclone Kenneth qui avait frappé notre province en 2019. J’étais responsable de la distribution de nourriture pour près de 15'000 familles. C’était très intéressant de travailler pour un temps dans l’aide d’urgence afin de m’y forger ma propre opinion. 

Tu as émigré au Mozambique avec ton mari : qu’est-ce qui vous a conduits à cette décision ?Mon mari est Mozambicain et nous nous sommes rencontrés au Mozambique durant mon stage de Bachelor. Pour ma part j’ai tout de suite aimé le pays. Nous avons ensuite habité 3 ans en Suisse le temps de faire nos Master. C’était logique pour nous deux que nous serions plus « utiles » au Mozambique. C’est ici que nous pouvons contribuer au mieux avec nos connaissances.

Quel a été votre plus grand défi en relation avec cette émigration ?
Je pense que nous sommes en train de vivre notre plus grand défi. L’aspect sécuritaire dans la région n’est pas bon. Cela fait 3 ans que notre province subit des attaques dans les districts plus au nord. En mars dernier, il y a eu une plus forte attaque dans une ville qui abrite un mégaprojet gazier. Suite à cela, beaucoup d’entreprises et certains amis ont décidé de quitter la province. Cela a des répercussions sur la vente de nos légumes car dorénavant les hôtels sont vides et les magasins peu fréquentés. Nos filles n’ont également plus d’école car leurs professeures sont parties. C’est aussi un stress émotionnel qu’il faut arriver à gérer. Pour l’instant, on sent qu’on doit rester ici. Mais selon l’évolution de la situation, nous serons peut-être amenés, à contre cœur, à prendre d’autres décisions.

Vous avez acquis des terres au Mozambique. Était-ce d’emblée clair dans votre esprit que vous vouliez votre propre domaine ?
Oui dès que nous nous sommes rencontrés, nous avons eu ce rêve d’avoir notre propre ferme.

Quels sont les plus grands défis qui se présentent lorsqu’on gère un domaine au Mozambique ? Quelles différences y a-t-il par rapport à la Suisse ? 
Ici, surtout pour les légumes, il n’y a pas de service de vulgarisation. Très peu de recherche est faite pour la production des légumes. Les intrants sont difficiles a trouvé et son chers. Par exemple, lors de notre arrivée nous avons été jusqu’au nord de la Tanzanie (1700km) pour aller chercher du matériel pour crée notre serre. Ces difficultés nous poussent à faire nos propres recherches et essaies et à être plus innovateur. 

Qu’est-ce qui te convient particulièrement bien dans ta vie au Mozambique ? 
Le style de vie en général. Les gens sont plus calmes, moins stressés, il y a moins de pression sociale. Il fait toujours beau et chaud (parfois trop chaud je l’admets). Le contact avec les gens est facile. 

Qu’est-ce qui à tes yeux est typique du Mozambique (mode de vie, nourriture, valeurs, traditions, ou autres) ?
Le Mozambique est tellement grand que même à l’intérieur du pays il y a des différences culturelles énormes. Rien que dans notre province (qui fait quasi 2 fois la Suisse), il y a 3 ethnies qui ont des langues, rites et coutumes complètement différentes.
En général, je dirais que les Mozambicains voyagent énormément à l’intérieur de leur pays pour des motifs professionnels. Ils ont un patriotisme régional très faible malgré leurs différences culturelles fortes, contrairement à la Suisse. Peut-être cela vient de leur antécédent communiste.

Y a-t-il quelque chose de la Suisse qui te manque ? 
L’excellent fromage de chèvre produit par mon frère et… la raclette (bien sûre en tant que Valaisanne…)
Ma famille et amis également, mais grâce au réseau sociaux ce manque est atténué.

Quel conseil d’alumna donnerais-tu aux étudiant-e-s d’aujourd’hui et de demain ?
Profitez à 100% de vos études. Profitez non seulement des connaissances de vos professeurs mais également de vous amuser et de vous faire des amis pour la vie. 
 

(Interview: mai 2021)