Sujet: Étés secs – la recherche en action

26.06.2025 Depuis plusieurs jours, la canicule estivale s’est abattue sur la Suisse. En de nombreux endroits, les sols sont déjà très secs et l’eau risque de manquer. Les cultures agricoles doivent être irriguées et le danger d’incendie de forêt augmente. On peut alors encourir un risque de chutes de pierres, tandis que les villes se réchauffent de plus en plus. À la BFH, des chercheurs et chercheuses développent des solutions concrètes pour contrer les effets de la chaleur et de la sècheresse.

L’essentiel en bref

  • La canicule estivale persiste depuis plusieurs jours.
  • L’eau manque dans l’agriculture comme en forêt. Les villes deviennent des pièges à chaleur.
  • La BFH-HAFL mène des recherches sur l’amélioration du stockage d’eau dans le sol, les techniques d’irrigation intelligentes, les variétés résistantes ou la végétalisation des villes et des zones urbanisées.

Nouvelles solutions pour l’agriculture

Si le temps reste au sec, l’agriculture a besoin de davantage d’eau, notamment pour la culture de fruits et légumes. L’agriculture est responsable d’environ 20% de la consommation totale d’eau en Suisse. Selon l’Office fédéral de la statistique, environ la moitié est utilisée pour l’irrigation. «En grandes cultures, ce sont surtout les pommes de terre qui ont besoin d’être irriguées», explique Andreas Keiser, enseignant en grandes cultures et sélection végétale à la BFH-HAFL. Si l’on n’irriguait pas pendant les phases sèches, les pertes de rendement seraient trop importantes et contraires à une utilisation efficace des ressources, explique Andreas Keiser. En effet, les agriculteurs et agricultrices ont déjà beaucoup investi dans leurs cultures à ce moment-là.

Le forum «Gestion durable de l’eau», mis sur pied par la BFH-HAFL en collaboration avec Agridea, entend apporter une réponse à la pénurie croissante d’eau. Des solutions pour une utilisation durable de l’eau y sont développées. Très concrètement, des sondes de sol aident déjà les agriculteurs et agricultrices à déterminer le moment optimal pour l’irrigation. En effet, on peut souvent attendre bien plus longtemps qu’on ne l’aurait pensé, ce qui permet d’économiser beaucoup d’eau. Une autre solution pour l’agriculture consiste à utiliser des variétés et des cultures plus résistantes. Des techniques culturales préservant le sol et une bonne couverture du sol, comme le paillage des pommes de terre, permettent également à l’eau de mieux pénétrer dans le sol, explique-t-il. 

Contact pour les médias

BFH Sciences agronomiques, forestières et alimentaires

BFH Architecture, bois et génie civil

Mélange des futures forêts, calcul des chutes de pierres

Une bonne colonisation racinaire du sol est essentielle pour la rétention de l’eau. Nos forêts sont des réservoirs particulièrement efficaces pour stocker l’eau de pluie. Mais elles aussi souffrent de plus en plus de la chaleur. Si leur capacité à retenir l’eau diminue, les risques naturels tels que les incendies de forêt, les chutes de pierres ou l’érosion augmentent.

Jusqu’à présent, l’épicéa était une essence centrale dans la production de bois en Suisse. «Mais avec la sécheresse, il devient vulnérable aux attaques de scolytes», explique Jean-Jacques Thormann, enseignant en forêts de montagne et étude des stations à la BFH-HAFL. C’est pourquoi on plantera à l’avenir davantage de chênes, qui résistent mieux à la sécheresse. Les expert-e-s de la BFH-HAFL étudient également comment favoriser le mélange des essences afin de renforcer la résilience des forêts à long terme. Un autre projet innovant dans le domaine de la protection des forêts consiste à développer une application web qui aide les professionnel-le-s de la forêt à décider rapidement et en connaissance de cause des mesures à prendre pour rétablir l’effet protecteur après un incendie de forêt. Un autre projet vise à modéliser plus précisément la portée des éboulements à l’aide d’un modèle de prévision basé sur l’IA; un sujet d’une grande actualité compte tenu de l’augmentation des dangers naturels due au changement climatique, notamment à des étés plus chauds.

Idées innovantes pour les villes et les zones urbanisées

La hausse des températures et leur persistance à un niveau élevé pèsent également sur les zones urbaines, qui accumulent particulièrement la chaleur en raison des surfaces imperméabilisées. Des solutions innovantes sont développées pour rendre le climat des villes plus supportable, comme celle du projet «Mobile Urban Green», une collaboration entre la BFH-HAFL, la BFH-AHB Architecture, bois et génie civil et la Bauer Baumschulen AG. La végétation mobile apporte de l’ombre dans les zones urbaines. «L’effet d’évaporation des feuilles apporte un refroidissement supplémentaire», explique Luuk Dorren, professeur en dangers naturels et gestion des risques à la BFH-HAFL.

À la BFH-AHB, on étudie en outre comment rafraichir durablement les bâtiments, par exemple grâce à l’évaporation de l’eau de pluie ou à des façades et des toits végétalisés . Mais de telles mesures ne suffisent pas à elles seules. À l’avenir, les villes modernes devront être conçues de manière que l’eau de pluie puisse s’infiltrer dans le sol et y être stockée, comme le prévoit par exemple le concept de ville éponge. Et si en plus les espaces verts sont reliés entre eux, les villes peuvent constituer un bon habitat pour les animaux et les plantes et contribuer à la biodiversité.